[Robert Musil, L'homme sans qualités I]
Comme la possession de qualités présuppose qu'on éprouve une certaine joie à les savoir réelles, on entrevoit dès lors comment quelqu'un qui, fût-ce par rapport à lui-même, ne se targue d'aucun sens du réel, peut s'apparaître un jour, à l'improviste, en Homme sans qualités.
Dans une communauté constamment irriguée d'énergie, tous les chemins mènent à un but estimable, pourvu que l'on n'hésite ni ne réfléchisse trop longtemps. Les buts sont à courte distance ; mais la vie aussi est courte ; on lui prend ainsi le maximum de résultats, et il n'en faut pas plus à l'homme pour être heureux, car l'âme est formée par ce qu'elle atteint, alors que ce qu'elle poursuit sans y atteindre la déforme ; pour le bonheur, ce qui compte n'est pas ce que l'on veut ; mais d'atteindre ce que l'on veut.
jeudi 8 avril 2010
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