jeudi 17 septembre 2009

Nietzsche et Spinoza

[Nietzsche, Lettre à Franz Overbeck, Sils-Maria, le 30 juillet 1881]

"Je suis très étonné, ravi ! J’ai un précurseur et quel précurseur ! Je ne connaissais presque pas Spinoza. Que je me sois senti attiré en ce moment par lui relève d’un acte "instinctif". Ce n’est pas seulement que sa tendance globale soit la même que la mienne : faire de la connaissance l’affect le plus puissant - en cinq points capitaux je me retrouve dans sa doctrine ; sur ces choses ce penseur, le plus anormal et le plus solitaire qui soit, m’est vraiment très proche : il nie l’existence de la liberté de la volonté ; des fins ; de l’ordre moral du monde ; du non-égoïsme ; du Mal. Si, bien sûr, nos divergences sont également immenses, du moins reposent-elles plus sur les conditions différentes de l’époque, de la culture, des savoirs. In summa : ma solitude qui, comme du haut des montagnes, souvent, souvent, me laisse sans souffle et fait jaillir mon sang, est au moins une dualitude. - Magnifique !"

mercredi 16 septembre 2009

Société de consommation

[Baudrillard, La société de consommation]

- Le coût majeur de la société de consommation est le sentiment d'insécurité généralisé qu'elle engendre.
- Seuil de patinage où tout le surcoût de productivité passe à entretenir les condition de survie du système.
- Absurdité du PNB qui additionne tout et n'importe quoi (tout ce qui est mesurable).
- Baisse de 30% de la luminosité de l'air à Paris.
- Les locomotives de l'économie sont les nuisances compensées, les coûts internes de fonctionnement, les frais d'endorégulation dysfonctionnelle.
- Comme la société du moyen-âge s'équilibrait sur Dieu et sur le diable, ainsi la notre s'équilibre sur la consommation et sa dénonciation.

Le chercheur d'or

[Le Clézio, Le chercheur d'or]

Et c'est bien pour cela que
je suis à bord du Zeta, comme
suspendu entre le ciel et la mer:
non pour oublier - que peut-on oublier ?
- mais pour rendre la mémoire vaine, inoffensive, pour que cela glisse et passe comme un reflet.

L'éthique

[Spinoza, L'Ethique]

Préface de Roland Caillois:
- La réponse qu'apporte la philosophie à l'homme est une réponse satisfaisante, non une nouvelle et éternelle question à Dieu.
- Le salut de l'homme est dans l'Union (connaissance claire et distincte de ce qui est) à Dieu (la réalité/ce qui est en vérité = Deus sive natura).
- L'athéisme de Spinoza est la compréhension de Dieu comme nature de toute chose. C'est un Dieu théologique conceptualisé jusqu'au bout.
- L'esprit est l'expression intellectuelle du corps, qui est l'expression étendue de l'âme.
- Pour Spinoza, la passion (envahissement de l'être par le monde non humain / conscience du sentiment de puissance d'être, de joie) se fonde sur la triade : Désir (essence de l'homme qui cherche à être soi, se réaliser en action), Joie (augmentation de la puissance d'agir), Tristesse (diminution de la puissance d'agir.
- Le Bien et le Mal ne sont que des manières de penser qui doivent disparaître avec la connaissance de ce qui est.
- Avant d'atteindre le niveau de l'être, le Bien = ce que nous savons avec certitude nous être utile, le Mal = ce qui nous prive de ce bien.
- Sentiment de puissance d'être, vie, conservation = Joie qui atteint sa plus grande intensité dans le comprendre
- Spinoza s'oppose à la vision tragique du christianisme Pascalien :
- La pensée qui agit, la puissance connaissante, s'oppose au cri sans fin vers le Responsable qui veut notre salut dans la douleur, qui veut que l'homme n'éprouve de la joie que dans le sacrifice de soi.
- L'homme libre vit dans un profond accord avec la nature infinie parce qu'il la comprend et se comprend en elle.
- Spinoza édifie une sagesse stoïcienne sur le contenu chrétien réformé.
La religion des prophètes est la discipline des peuples dans l'enfance, dont l'obéissance aux lois est la seule vertu.
"L'existence de Dieu et son essence sont une seule et même chose"
"L'Amour est la Joie accompagnée de l'idée d'une cause extérieur"
"L'espoir naît de la sécurité"
"Le désespoir naît de la crainte"
"L'Envie est le contraire de la miséricorde"
"La Gloire est le contraire de la Honte"
"La bienveillance est le désir de faire du bien à celui dont nous avons pitié"
"L'humanité est la modestie, faire ce qui plaît aux hommes"
"L'ambition est le désir immodéré de gloire"
"La servitude est l'incapacité de l'homme à gouverner ses sentiments"

4.46. Qui vit sous la conduite de la raison s'efforce, autant qu'il peut, de compenser par l'amour (générosité), la haine, le mépris, etc. d'un autre envers lui.
4.47. Les sentiments d'espoir et de craintes ne peuvent être bons par eux même
4.50. La pitié chez l'homme qui vit sous la conduite de la raison est par elle même mauvaise et inutile
4.52. La satisfaction intérieur qui naît de la raison est la plus grande qui puisse être
4.73. L'homme qui est conduit par la raison est plus libre dans l'Etat où il vit selon le décret commun, que dans la solitude où il n'obéit qu'à lui seul.